L’analyse de nombreuses victoires sportives qualifiées « d’incroyables » met en lumière la force mentale des compétiteurs comme un élément décisif leur ayant permis de transcender leurs performances. Les individus qui possèdent ainsi la capacité de mobiliser sang-froid, puissance, talent – que ce soit dans un stade ou dans une salle de réunion – forcent l’admiration et leur détermination, primordiale, leur confère une aura supérieure.
Le mot « détermination » signifie force, fermeté, volonté, ténacité et se traduit par le même mot en anglais. Il signifie aussi choix et sa traduction devient fixing, élargissant ainsi cette notion à la décision – donc à un acte volontaire – de mise en oeuvre d’un atout.
La détermination est une des clefs qui actionnent les aptitudes et les compétences d’un individu, lui donnant le ressort nécessaire pour exceller. Elle fixe les moyens – dont la volonté et le dépassement de soi – pour atteindre un objectif.
Elle semble faire partie de l’ADN des champions qui sont ainsi de potentiels leaders pour les entreprises, comme le confirme Dorian Coninx, triathlète en contrat-cadre avec la société Mac-Lloyd : « Je sais faire les efforts qu’il faut – et même les triples efforts dans ma discipline – pour être performant ; cette polyvalence et cette détermination peuvent être des atouts pour une entreprise. »
La détermination, une qualité indispensable pour performer
L’engagement de l’athlète dans la compétition – comme celui du manager – nécessite une volonté de dépassement de ses propres limites et la mise en oeuvre d’une résolution à réussir. C’est la mise en condition d’un état émotionnel qui, géré, permet d’atteindre un objectif.
La détermination n’est donc pas le résultat d’une réflexion, mais d’une émotion positive qui, comme toute émotion, ainsi que l’ont démontré des chercheurs tels Gerald L. Clore, Andrew Ortony et Allan Collins, entraîne des réactions au niveau du système nerveux autonome, produisant des variations physiologiques du rythme cardiaque, de la respiration, de la tension artérielle, de la tension musculaire…
De ce fait, la détermination n’est pas une posture qui s’acquière ; c’est une qualité davantage qu’une compétence, une des premières qualités dont doivent être pourvus les leaders. Elle leur permet d’atteindre leur but malgré les difficultés rencontrées ; elle les empêche de fléchir devant les obstacles et les épreuves à l’instar de Wall Disney qui contacta plus de 300 banques avant de trouver celle qui accepta de financer son projet de parc d’attractions ou, exemple particulièrement fort, du pilote de Formule 1 Niki Lauda qui reprit le départ du Grand Prix d’Italie six semaines seulement après un terrible accident sur le circuit de
Nurburgring à l’issue duquel il reçut l’extrême onction et qui lui valut de rester défiguré.
La motivation intrinsèque, un processus autodéterminé impulsant la mise en action
La détermination qui préside aux exploits se reconnaît par l’expression de résolution des visages concentrés par l’effort à fournir. L’affichage de l’intention peut même être travaillé pour impressionner l’adversaire à la manière des rugbymen néo-Zélandais, les All Blacks, lors des hakkas qui précèdent chacun de leur match. Cependant, ni la projection physique de la détermination ni la visualisation du succès qui favorise la mise en route des ressources pour l’obtenir ne suffisent à cerner le mécanisme complexe menant à la réussite d’un projet.
Les travaux des années 1970-1980 d’Edward L. Deci et de Richard M. Ryansur sur l’autodétermination permettent de comprendre l’impact de stimuli dans la mise en oeuvre d’un processus que certains décrivent comme un enthousiasme d’anticipation. Selon ces chercheurs, plusieurs sortes de motivation président à la mise en action dont la plus autodéterminée est la motivation intrinsèque ; elle est liée à des besoins internes comme celui de la stimulation (désir de l’activité elle-même), de la connaissance (envie d’explorer de nouvelles choses) ou de l’accomplissement (désir de réaliser). Carole Montillet, championne olympique de descente, la verbalise clairement : « Le piège, c’est de vouloir gagner, descendre pour la première place. Dans ce cas, on se trompe de chemin. L’important, c’est de penser à ses sensations. »
La motivation intrinsèque est la seule à conduire à la mise en oeuvre de toutes les ressources nécessaires pour parvenir au but visé. Portée par le contentement, elle se concrétise en actions grâce à la détermination de l’individu le rendant capable du dépassement nécessaire à la performance, qu’elle soit sportive ou managériale.
Les leaders potentialisent l’autodétermination dans leur entourage
L’atteinte d’une motivation intrinsèque apte à alimenter une détermination galvanisante s’opère grâce à un environnement favorisant l’appropriation de l‘action en tant que source de plaisir.
Dans le domaine du sport, ce peut être l’entraîneur qui guide l’athlète dans l’analyse de ses sensations et de ses émotions afin de lui permettre de se détacher de la gratification liée à la « simple » victoire (motivation extrinsèque) pour appréhender sa performance comme vecteur réel de satisfaction (motivation intrinsèque). Il potentialise ainsi la qualité d’autodétermination de l’athlète.
En entreprise, un leader se reconnaît certes à sa propre détermination qui lui permet d’atteindre ses objectifs, mais également à sa capacité à renforcer l’autodétermination chez ses collaborateurs. Ceci nécessite de favoriser l’autonomie des membres de l’équipe pour déclencher les ressorts d’une motivation intrinsèque leur permettant de se dépasser. La motivation en entreprise passe aussi par l’affichage et l’appropriation du sens donné aux actions à mener. Les valeurs associées à ces actes constituent un vivier important de modèles inspirants pour les collaborateurs. L’autodétermination menant à la performance est alors portée par l’envie de la réussite collective qui surpasse la « seule » envie individuelle.
En affichant sa détermination et en la générant chez les autres, un sportif ou un manager se positionne en leader. Il est d’autant plus légitime et fédérateur qu’il affiche une attitude positive, autre levier de performance que nous aborderons dans une prochaine newsletter.